Marius Vazeilles

Marius Vazeilles, né le 29 juillet 1881 à Messeix dans le Puy-de-Dôme, meurt à Meymac le 7 juin 1973. Sa petite enfance se déroula dans la forêt des Colettes (Allier) où son père était garde forestier.

L’expert forestier

Elève comme son père à l’Ecole forestière des Barres (1899-1902), il fut d’abord garde forestier stagiaire dans la forêt de l’Isle-Adams (Seine et Oise, 1906-08), puis nommé Garde général des Eaux et Forêts à Mauriac (Cantal, 1910-13), et finalement détaché au service des améliorations agricoles pour la Haute-Corrèze (1913-1919).

Installé à Meymac, le Garde général des Eaux et Forêts (on dirait aujourd’hui l’ingénieur) publia en 1917 un premier livre Mise en valeur du Plateau de Millevaches, qui demeure un des ouvrages fondamentaux de l’aménagement forestier et agricole. A son arrivée, les paysans vivaient difficilement sur le Plateau de Millevaches et l’exode rural y était important. Il leur proposa la mise en place d’une « forêt paysanne » – un pré-bois – qui, à côté d’une agriculture consacrée à l’élevage bovin sur des prairies améliorées, jouerait pour les paysans le rôle de « Caisse d’Epargne solide et jamais vide », de capital en réserve destiné à pourvoir à leurs besoins et freiner ainsi l’exode rural.

En 1919, il quitta les Eaux et Forêts et s’établit à son compte à Meymac comme pépiniériste puis expert forestier. Expert en dendrologie (science de reconnaissance et classement des arbres), il étudia le rôle des essences forestières exotiques, jusque-là utilisées dans les parcs et les jardins, pour  déterminer lesquelles s’acclimateraient entre 700 et 1000 m d’altitude. Tant pour poursuivre ses recherches que persuader les paysans à participer au reboisement du Plateau, il créa des pépinières scolaires et privées, dont son arboretum de 38 hectares au Puy Chabrol, où il réussit à acclimater quelques 400 espèces forestières allochtones, dont plus de 200 prospérèrent. Ses recherches et leurs applications pour un agro-pastoralisme durable lui valurent, dans les années 1950-60, la reconnaissance et plusieurs médailles de l’Académie d’Agriculture, de la Société d’Acclimatation de Paris et la Légion d’Honneur.

L’archéologue 

Dès son adolescence et lors de ses tournées forestières, il se passionna pour l’archéologie et les coutumes paysannes. Archéologue autodidacte reconnu, il dirigea plusieurs chantiers de fouilles. Ses recherches en dendrologie, les résultats de ses fouilles et découvertes qui furent publiés dans plus de 150 articles, lui valurent de monter en grade dans la Légion d’Honneur et d’obtenir l’Ordre du Mérite. Ses collections, longtemps présentées dans quatre salles d’un bâtiment préfabriqué situé dans son jardin, furent regroupées à partir de 1976 dans l’abbaye sous la responsabilité d’une de ses filles, Mme Magnier-Vazeilles, présidente de l’association jusqu’en 2002.

Le militant

Marius Vazeilles travailla à l’amélioration de la condition humaine sur le Plateau de Millevaches. Militant politique convaincu, défenseur de la condition paysanne, créateur des premiers syndicats  agricoles corréziens  et adhérent idéaliste du PCF,  il fut élu député du Front Populaire. Sa notoriété d’homme politique dépassa le niveau régional et il fut un des délégués français aux Conférences internationales paysannes à Moscou en 1923 et 1925 ;  en 1923, il fut élu président du C.P.I. – Conseil paysan international ; et en 1932, envoyé par son parti au Congrès pour la Paix à Amsterdam. Il fut pendant plusieurs années conseiller municipal de Meymac.

Après la deuxième guerre mondiale, Il renonça à la politique pour se consacrer à son travail de recherche en archéologie. L’impact de ses actions au niveau forestier et ethnoarchéologique a été durable au point aujourd’hui d’en faire un personnage emblématique de la Corrèze.